lundi 31 mars 2014

Une prémonition - Iakoutsk



1237e jour - Un des premiers textes que je me suis targué d’écrire à la sortie de l’adolescence racontait l’histoire d’un type qui tombe, dans un vide-grenier, sur une sorte de petite lunette (de la taille d’un stylo). Plus qu’une lunette, en fait, c’était une visionneuse : il n’y avait qu’un seul paysage à contempler : la vue photographique d’un intérieur, un bureau au premier plan, une fenêtre ouverte au-delà du bureau sur un paysage urbain. Très vite, le récit devenait la description minutieuse de ce que l’on voyait dans l’image. Et très vite, aussi, on s’apercevait que cette description embrassait la scène d’avant-plan, bien sûr, mais aussi l’au-delà de la fenêtre avec un incroyable luxe de détails pouvant aller, par exemple, jusqu’à la description d’une série de boutons sur la veste d’un passant dans le lointain de l’image.
En fait, cette description était un peu comme un fil de laine que l’on tire. Et la pelote, dans le cas de mon image, était le globe terrestre lui-même dans toute son immensité.
Je pense à ce texte oublié (en reste-il seulement une trace écrite ?) alors que je viens de me projeter dans les rues de Iakoutsk, fin fond de la Sibérie. Je réalise, c’est vertigineux, que ce texte, à sa façon, était une prémonition de ce qui allait, plus de vingt ans plus tard, m’arriver avec l’aventure de ce blog.

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