mercredi 26 février 2014

En rampant vers Bethlehem - San Francisco, Portland


1204e jour - Je lis. Le texte a pour titre En rampant vers Bethlehem, il est de Joan Didion. Il a été publié pour la première fois en 1968 par Farrar, Straus & Giroux – elle pensait le livre comme un recueil de “choses vues”.
Joan Didion était journaliste. À en croire, sa page Wikipédia, elle est un auteur culte pour Bret Easton Ellis ou Jay McInerney. Dans En rampant vers Bethlehem, elle arpente les rues de Haight Ashbury, quartier hippie de San Francisco peuplé au cœur des années soixante d’enfants – quatorze, quinze ans – fugueurs, à la dérive. Herbe, Méthédrine, peyotl, mescaline, STP… La drogue est omniprésente.



Extrait :
Aucune trace de Deadeye ce jour-là dans Haight, et quelqu’un me dit que je le trouverai peut-être chez lui. Il est trois heures et Deadeye est au lit. Quelqu’un d’autre est endormi sur le canapé du salon, une fille dort par terre sous un poster d’Allen Ginsberg, et deux autres filles en pyjama sont en train de préparer du café instantané. L’une des filles me présente à leur ami allongé sur le canapé, lequel me tend la main mais ne se lève pas, car il est tout nu.

Plus tôt dans le livre, Joan Didion a relevé les mots d’une affichette dans Haight Street :
Le jour de Pâques
Mon Christopher Robin est parti.
Il a appelé le 10 avril
Mais aucune nouvelle depuis.
Il a dit qu’il rentrait
Mais il ne l’a pas fait

Si vous le voyez sur Haight
Dites-lui de ne pas tarder s’il vous plaît
J’ai besoin qu’il revienne maintenant
Je me fiche de savoir comment
Si c’est l’argent qu’il lui faut
Je le lui enverrai aussitôt.

S’il y a un espoir
Merci de me le faire savoir
S’il est toujours ici
Dites-lui combien je tiens à lui
Il faut que je sache où il est, c’est important
Car je l’aime tant !

          De tout cœur,
          Marla

Marla Pence
12702 NE. Multnomah
Portland, Ore. 97230
503/252-2720



Cette adresse, en fin d’appel, bien sûr, m’a donné envie d’aller voir… 12702 NE. Multnomah à Portland…
Des envies d’enquêter, de savoir ce que sont devenus Christopher Robin et Marla Pence. Et si l’un d’eux vit toujours dans les parages. Et s’ils savent aussi que Joan Didion leur a offert, avec son recueil, un semblant d’éternité.

L’Amérique, Chronique, Joan Didion, Éditions Grasset & Fasquelles, 2009 et Livre de Poche

/////// Si vous avez aimé ce post, peut-être apprécierez-vous celui-ci.