vendredi 7 décembre 2012

Vases communicants / Déborah Heissler

885e jour de voyage. Aujourd'hui, exceptionnellement, dans le cadre des Vases communicants,  réjouissante opération d'échanges de contenus, ce n'est pas moi qui écris ici mais Déborah Heissler, femme de lettres, poète (Près d'eux, la nuit sous la neigeComme un morceau de nuit, découpé dans son étoffe) mais aussi photographe et voyageuse…

Le principe des Vases communicants est très simple : “le premier vendredi du mois, chacun écrit sur le blog d’un autre, à charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre.”

Pour faire bref, chacun de nous a proposé une image à l'autre, pour qu'il joue avec (nos deux photos ont été prises à Mulhouse)…

Le texte de Déborah Heissler sur mon image suit donc cette présentation (je suis fier, vraiment, de ce cadeau qu'elle me fait) ; son image et mon texte, eux, sont publiés sur son blog, ici >>> Carnets et autres notes.


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RedRoom


À quel point ces évènements, que nous observons comme par une fente, nous sont au fond plus étrangers chaque jour ? Le ciel trop bas. La clé facile dans la porte. La dernière porte claquée résonne indéfiniment. La rue qui termine à gauche, une façade qui joue avec la lumière, crépite —  c’est une très grande surface, les manequins ne trompent pas.

Ici le temps se creuse et là en levant les yeux, je lis Globe.

Dans une des salles se trouve un coin précis où, si on est seul m’explique-t-on, on peut entendre venir vers soi les pas  —  phénomène précisément qu’on doit au jeu des lames du parquet sur le sol et qui n’en est que plus saisissant. Etrange également, cette illusion qu’on a d’un incendie qui s’allume et qui n’est autre que le reflet d’enseignes lumineuses frappant depuis la rue le vitrage des fenêtres.

Il suffit d’avancer un peu pour se voir précédé comme par quelqu’un, quelqu’un d’autre que soi-même, par un effet toujours du reflet dans le vitrage.

Ici le temps se creuse  —  et là l’espace.

Tout ce rouge qui inonde les murs et ces silhouettes géméllaires. Une histoire de fantômes, saison morte, quand tout le monde déserte  —  où j’entends  RedRoom, me revenant à l’esprit la photo des fillettes aux robes en velours à large col blanc de Diane Arbus (1967) — RedRoom Murder RedRum jusque dans le globe occulaire.


Deborah Heissler


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